Résonance RésistanceDu 13 juillet 2016 au 18 septembre 2016

Le Musée départemental de la Résistance et de la Déportation accueille les œuvres de Gilles Labrie. L'artiste s’est inspiré du témoignage de Robert Carrière, résistant déporté, et donne un éclairage différent sur son récit grâce à la sensibilité de l’art.
Gilles Labrie a choisi de représenter le corps et le visage du déporté, ses souffrances.« Résonance Résistance » est donc une autre façon de transmettre la mémoire de la Déportation. 22 œuvres sont exposées : des dessins, des encres sur papier, des linogravures, des lavis (en petits et très grands formats) ainsi qu’une sculpture.
Présentation par l'artiste
"Le chemin que j’ai emprunté". Quelques éléments de réflexion pour aborder l’exposition
1. Rencontre
Tout comme on ne vient pas au Musée départemental de la Résistance et de la Déportation tout à fait par hasard, j’ai croisé le chemin de Robert Carrière par volonté. Ce jour là, j’étais prêt, je n’ai pas manqué cette précieuse occasion. Robert m’a écouté et accueilli simplement. Au fil de nos échanges s’est installée une respectueuse relation. Je lui ai montré les premières esquisses de ce qui allait devenir l’exposition, lui m’a ouvert des horizons et laissé sa marque. Le récit de son expérience concentrationnaire m’a bouleversé. J’ai pris la mesure d’une indicible souffrance humaine. C’est à partir de la résonance de sa parole qu’un processus artistique est né. Je me suis alors engagé totalement, sans compromis et sans savoir où me mènerait cette recherche.
2. Point de vue
Je refuse de raconter. Je n’ai pas non plus la prétention d’expliquer ou de livrer un message. J’ai seulement la certitude que mon travail porte en lui la nécessité de transmettre une mémoire, relayant par le langage plastique le témoignage de Robert. Je ne communique pas d’états d’âme. Les corps et les visages que je représente ne disent rien et ne montrent rien. Ils sont là, ils vivent sous notre regard. Qu’est-ce que cela nous rappelle de notre passé ? De notre contemporanéité ? Qu’est-ce que cela nous dit sur nous-mêmes ? Mon travail ne porte pas ces réponses. Il tente quelque part de faire écho aux autres dispositifs du Musée, qui s’éclairent ainsi par leur proximité ou leur différence.
3. Corps en résistance
En parcourant mes dessins, on pourrait faire le constat de corps déformés, de visages meurtris et, à travers cette typologie de la souffrance, y voir une intention : communiquer un sentiment sur l’existence, l’aveu d’un pessimisme. Bien au contraire, j’ai cherché à restaurer la puissance et la vitalité du corps. Pas une ligne, pas une tâche qui ne manifestent une tension. Le corps en train d’exister, opposant la vie qui l’anime à ce qui sans cesse le cerne, le réduit jusqu’à la disparition. Je dessine pour exprimer la vie, et les corps sont le réceptacle de cette énergie qui s’affirme. À cette présence du corps s’oppose une intemporalité, une absence de lieu, une absence de visage. Ainsi, dans l’incertitude et le manque s’ouvrent des domaines d’interprétations plus vastes.
4. Langage
Comment créer une rencontre émotionnelle avec une réalité plastique ? Une réalité que j’ai voulue immédiatement saisissable, expressive et figurative. Grâce à un dessin aux lignes nerveuses, aux contours inachevés. Par le dialogue des masses d’ombre et de lumière tour à tour renforçant l’indétermination spatiale ou jouant de l’équilibre des compositions. Grâce également à la matière diluée, griffée, travaillée avec force, au plus près du ressenti dans une gestuelle où l’accident et le repentir expriment vitalité et vulnérabilité, impulsion et réflexion.
Des rencontres et échanges sont prévus avec l’artiste lors des Journées du Patrimoine les samedi 17 et dimanche 18 septembre 2016 à 15h30.
Exposition Résonance Résistance. Rencontre entre un déporté et un plasticien.
Du 13 juillet au 18 septembre 2016.
Accueil du public : du lundi au vendredi de 9 heures à 12 heures et de 13:30 à 17:30.
Entrée libre et gratuite.